Un investisseur institutionnel de long terme
Le Fonds de Garantie gère ses actifs dans le cadre d’une politique de long terme au service des victimes. Les produits de ses placements financiers (près de 8% de ses ressources) contribuent, en complément des contributions des assurés et des assureurs ainsi que des produits des actions de recours auprès des auteurs, au financement des indemnités versées aux victimes, parfois tout au long de leur vie.
Le Fonds de Garantie ambitionne d’intégrer progressivement le cercle des investisseurs institutionnels français reconnus et surtout responsable de par la nature de ses missions de service public. Ainsi, l’organisme sélectionne les meilleures sociétés de gestion et investit en direct dans des projets dits « à impact ».
Il est un investisseur engagé qui a signé, en janvier 2019, les PRI (Principles for Responsible Investments) de l’ONU. Il exclut, par exemple, les placements auprès des émetteurs producteurs et distributeurs d’alcool, tabac, charbon, armements controversés, Etats pratiquant une fiscalité agressive, participant au financement du terrorisme et violant les droits humains fondamentaux.
Allocations du portefeuille du Fonds de Garantie au 31 mars 2019
- 46% d’obligations et dettes non cotées
- 29% d’actions, private equity et infrastructures
- 15% d’immobilier
- 10% de monétaire
Il s’agit ici du cumul sur 3 portefeuilles ayant des actifs et des passifs séparés : 2 portefeuilles pour le FGAO (risque automobile et majoration légales de rentes) et le portefeuille FGTI. Chaque portefeuille a ses propres limites de risques (équilibres financiers à long terme différents). Les 3 portefeuilles ont des politiques d’investissement, ISR et de risque communes.
Le Fonds de Garantie soutient Simon de Cyrène
Plus qu’un investisseur parmi d’autres, le Fonds de Garantie est un partenaire clé, de longue date, de l’association Simon de Cyrène qui développe des habitats dits « inclusifs ». Il s’agit de maisons partagées qui hébergent des personnes valides et non valides afin de rompre l’isolement de ces dernières. Entretien avec son fondateur, Laurent de Cherisey.
Laurent de Cherisey,
Directeur général de l’association Simon de Cyrène
Il y a 10 ans, vous vous êtes battu pour créer l’association Simon de Cyrène. Le Fonds de Garantie vous a soutenu. Quel rôle attribuez-vous à notre organisme ?
Sans le Fonds de Garantie, Simon de Cyrène n’existerait pas ! Votre organisme a financé la première maison de Vanves (92), donc le socle du projet, ouvrant la voie à d’autres implantations avec d’autres partenaires, une fois le concept éprouvé. Mais à l’époque, mon idée relevait du défi et pouvait paraître utopique. Elle a germé suite à la promulgation, en février 2005, de la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
L’enjeu était de développer une troisième voie pour les personnes en situation de handicap entre la vie en institution médico-légale et la vie, souvent seuls, à leur domicile. Simon de Cyrène avait pour but de permettre de quitter l’institution sans souffrir de la solitude grâce à une vie d’entraide mutuelle dans une maison partagée entre personnes handicapées et valides. L’audace du Fonds de Garantie a été de croire à cette innovation sociale. La première maison de 450 m2 en rez-de-jardin a vu le jour en 2010. Elle est composée de neuf logements : quatre studios habités par des personnes valides et cinq studios par des personnes non valides. Chacun dispose de sa kitchenette pour avoir le choix entre être chez soi et être ensemble. Au centre un grand salon, salle à manger/cuisine permet à chacun de s’engager dans la vie partagée. Cette première maison mise à disposition par le FGA a permis d’expérimenter avant d’essaimer en France.
Quelle est votre perception du rôle sociétal du Fonds de Garantie et de sa qualité peu connue d’investisseur institutionnel ?
Le Fonds de Garantie prend soin du bien commun et l’État peut être fier de déléguer cette mission de service public de prise en charge des victimes à un organisme aussi remarquable. La réalisation exceptionnelle que le Fonds de Garantie a permise à travers Simon de Cyrène l’illustre. Cet organisme est au cœur de la société puisqu’il concourt à la rendre responsable et solidaire en permettant aux plus fragiles de (re)construire un projet de vie. Il crée une société de confiance. Son utilité sociale ne fait aucun doute. Du reste, c’est effectivement un investisseur institutionnel engagé qui raisonne sur le long terme. C’est un enjeu majeur pour développer des projets humains et sociétaux. Simon de Cyrène a ainsi pu développer une innovation sociale contribuant au bien commun. Le prix que nous avons reçu de l’Élysee « La France s’engage » en témoigne.
Comment se porte Simon Cyrène aujourd’hui ?
La première maison financée par le Fonds de Garantie a permis de modéliser le concept de maisons partagées et de le multiplier. Depuis, nous avons ouvert 20 maisons dans 6 villes et 20 autres projets d’ouvertures sont en cours. Chaque naissance d’une maison Simon de Cyrène s’effectue après six à huit ans de gestation. En amont, il faut trouver le foncier et constituer les groupes de personnes qui occuperont les logements dans l’esprit de « compagnonnage » entre résidents valides et handicapés. L’alchimie humaine doit opérer avant l’emménagement pour favoriser le succès. Enfin, l’aventure se poursuit avec le Fonds de Garantie qui nous soutient de nouveau dans le financement de trois maisons à Marseille dont les portes ouvriront au printemps 2020. Le premier ministre a visité nos maisons partagées pour illustrer la loi sur l’habitat inclusif qui vient d’être promulguée.
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